Le palais omnisports, réalisé par les architectes Andrault et Parat, marque la fin du parc de Bercy, par son emplacement mais aussi par sa peau végétalisée qui reprend « la plaine », thématique de la partie du parc qu’il touche. Cette étendue verte accueille un autre bâtiment d’un grand architecte, la cinémathèque française de Frank Gehry. Que l’on aime ou pas son architecture unique en son genre, ses édifices donnent souvent de la valeur au site sur lequel ils interviennent. Dans le cas de la cinémathèque, le bâtiment prend peu d’importance dans le site, il n’est pas mis en valeur comme d’autre projet de Gehry. En revanche, à proximité du bâtiment, sa forme inhabituelle et déconstruite interpelle sans pour autant intéresser les promeneurs outre-mesure. En effet, l’architecture de Gehry peut être considérer comme de la sculpture, un objet plus qu’un édifice dans lequel on vit, on circule. Dans sa manière de travailler, Gehry est très spontané. Il créée par tâtonnement en maquette et évolue principalement d’après des critères esthétiques et formels[1], méthodes impensables pour d’autres architectes. Quoi qu’il en soit, selon nous, ses explosions d’idées aboutissent à des édifices puissants et agréables à visiter.
C’est tout d’abord en rapport à « l’explosion » des idées de cet architecte, qui font naitre le bâtiment, que nous nous sommes intéressés. Ainsi, notre intervention, qui prendrait la forme d’un pop-corn géant, ferait écho à l’édifice de Gehry. En effet, le projet apparaît dans l’esprit de l’architecte comme la création d’un pop-corn qui éclate et dont on ne peut deviner l’aspect à l’avance, c'est-à-dire que Gehry ne visualise jamais précisément son projet dans sa forme entièrement aboutie. Plus loin que l’idée de dévoiler un processus de travail de l’architecte en question, c’est un reflet de la cinémathèque que nous proposons. La forme générale du bâtiment peut s’apparenter à celle d’un pop-corn, déconstruite et organique. Pour rendre compte de cette comparaison, l’intervention se situerait dans le parc de Bercy, en haut des marches qui mènent à la passerelle Simone de Beauvoir. La taille du pop-corn, par l’effet de la perspective, serait similaire à celle de la cinémathèque, permettant d’en faire le rapprochement et donc de faire réagir les passants. Le pop-corn géant serait remarquable depuis l’intégralité de la grande prairie, ce qui maximisera son impact. Si un passant ne fait pas directement le rapport entre l’intervention et la cinémathèque, en s’en rapprochant, par l’effet de perspective et donc un jeu d'échelle, la liaison se fera naturellement.
La relation formelle entre le pop-corn et la cinémathèque fera surement s’interroger le passant sur une possible critique ou mise en avant du bâtiment par l’intervention. Si ces interrogations ont lieu, l’un des objectifs premier de notre projet sera accompli, c'est-à-dire réussir à accentuer la présence de l’édifice dans le parc dans le but d’intéresser un plus large public. Après nos visites sur le site, il est clair pour nous que la cinémathèque est fréquentée par une population majoritairement« intellectuelle» ou étant proche du monde du cinéma. En effet, à l’inverse d’autres musées ou édifices parisien, la cinémathèque française semble moins fréquentée et par un public moins large. Si le pop-corn évoque par sa forme l’architecture de Gehry, il fait aussi allusion au cinéma. Pour beaucoup de personnes, le pop-corn est la nourriture associée au cinéma[2]. Nous en avons presque tous un jour ou l’autre dégusté bruyamment dans des salles obscures. De cette façon, nous pensons que le pop-corn est porteur d’un message cinématographique quasi-universel. D’un autre côté, le pop-corn est associé au cinéma grand public, hollywoodien qui est à l’opposé du « 7ème »art qu’abrite la cinémathèque. Dans ce sens, le pop-corn géant ferait appel de cette opposition. Pourquoi le cinéma d’auteur ne serait-il pas plus « grand public » ? Si à première approche, la cinémathèque n’attire pas tant de monde, l’intervention lui ferait une fausse publicité, mais une publicité quand même. Le passant lambda, en écho au pop-corn pense trouver dans la cinémathèque des projections de blockbusters, il n’a pas vraiment tort. Le 7ème art mérite d’être plus connue et diffuser, même s’il est vrai que beaucoup le considère comme incompréhensible et inaccessible. Le pop-corn dénoncerait ce milieu à notre sens trop fermé que protège la cinémathèque, tout en incitant à une fréquentation plus importante de la part des visiteurs.
L’utilisation du pop-corn pour notre intervention serait donc le moyen d’associer les messages que nous voulons faire passer. Au-delà de son impact sur la cinémathèque, sa présence amplifiera peut être le passage de promeneurs curieux dans le parc de Bercy.
[1] D’après le film esquisses de Frank Gehry réalisé par Sydney Pollack. Le film retrace sa carrière d’architectes à laquelle s’ajoutent des éléments biographiques.
[2] Extrait d’un article de wikipédia sur le pop-corn : «il est très souvent vendu dans des salles de cinéma et est devenu un symbole de l'industrie cinématographique […] »
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